Les dégoûtés et les dégoûtants – Chapitre 14 – agir face à un manipulateur

Vous avez identifié un manipulateur, à priori, incontournable dans votre entourage ? Voici diverses actions à mener avant de l’estampiller pervers narcissique, car ceux-ci sont peu nombreux et les manipulations ordinaires peuvent aussi nous pourrir la vie et se retrouver à tous les niveaux de la relation.

Champignon vénéneux

C’est comme un champignon vénéneux qui aurait poussé au milieu de votre clairière à cèpes. Il est tranquillement tapi dans l’ombre de vos relations à priori incontournables – famille, amis, collègues – et il vous pourrit consciencieusement la vie avec des petites manœuvres manipulatoires qui rendent la relation parfaitement indigeste. Vous êtes mal à l’aise face à lui, vous avez le sentiment que vous n’aurez jamais gain de cause, que sa mauvaise foi n’a d’égal que ses façons détournées d’obtenir ce qu’il veut, de tirer la couverture à lui, de vous dévaloriser de vous culpabiliser, etc…

Vous l’avez passé au crible des critères de la manipulation et avez décelé chez lui un comportement manipulateur qui dépasse les petites manipulations ordinaires auxquels tout à chacun a parfois recours. Avant de l’estampiller amanite phalloïde (ou manipulateur pervers/narcissique), qui ne courent ni les sous-bois, ni les rues –  voici quelques solutions à mettre en œuvre, qui vous débarrasseront de la plupart des manipulations modérées, les plus courantes.

Le bocal à con(s)

La première étape consiste à se donner un peu d’espace pour pouvoir prendre un peu de recul et réfléchir sereinement aux options possibles. Pour cela, rien de tel que le désormais célèbre bocal à con, qui vous permettra de neutraliser les effets de votre abruti manipulateur personnel, le temps de décider quelle méthode vous aller tester sur lui. Pour rappel, ceci est une petite technique métaphorique inoffensive, aucun collègue ne sera maltraité dans l’affaire.

Le bocal à con, ludique, efficace, unique ! La plupart du temps, les solutions élaborées sont trop personnelles pour pouvoir être utiles à d’autres. Cependant, parfois, leurs caractéristiques métaphoriques peuvent les rendre transformables en véritables outils exploitables par bon nombre de personnes.

  • Le concept : il est ultra simple. Quand nos tentatives bienveillantes pour améliorer les relations avec un abruti donné ont échoué,  il s’agit tout simplement d’imaginer qu’on place ledit abruti dans un bocal. Car le con, une fois coincé dans un bocal hermétiquement fermé, a beaucoup plus de mal à nuire : Il n’a plus de son, plus d’odeur. De plus, pour peu qu’on ait choisi un bocal en verre, les parois arrondies lui déforment la figure, nous donnant une sorte de caricature de notre abruti qui diminue grandement l’emprise que ses comportements ont sur nous. Regardons-le, enfermé dans son bocal : ni ses mots, ni son agressivité, ni ses petites et grandes manipulations, ou encore ses comportements de persécuteur, ses attitudes et manies qui nous insupportent ne parviennent à franchir la barrière de verre qui le sépare de nous. Le con est devenu inoffensif, inopérant, impuissant. Le bocal peut ensuite être placé sur une étagère décorative, au fond d’un placard ou encore planqué à la cave. Selon la nature de notre relation au con en question et la solution qui nous convient le mieux, nous pouvons choisir de ranger notre con à la place qui lui revient.
  • Le laboratoire à cons : bien entendu, cette solution a une efficacité ponctuelle, qui permet de prendre un peu de distance émotionnelle, chaque fois que notre abruti manifeste sa connerie avec un zèle un poil au dessus de la ligne de partage des eaux. C’est d’ailleurs l’objectif de cet outil, qui va nous permettre d’investir dans un laboratoire à con, tout à fait essentiel dans un monde où il est difficile de ne jamais en rencontrer. L’idée est de profiter de sa neutralisation pour aller puiser dans les vastes contrées de l’élégance relationnelle des moyens, outils, techniques et postures. Toute une série d’options que nous allons, ensuite, pourvoir tester sur notre con (ou nos cons). C’est tout l’avantage de le garder dans un bocal : nous pouvons décider, à tout moment de le descendre de son étagère et de pratiquer ces tests relationnels avec une rigueur toute scientifique. Et puis c’est mieux que d’espérer que, parce qu’on l’a mis à mariner dans du sirop de sucre, l’abruti va s’adoucir et devenir bonne pâte.
  • L’observation : si nous prenons le bocal et que nous observons son contenu avec un regard curieux, débarrassé de la charge émotive que le contact direct avec l’abruti suscite, nous pouvons alors mieux comprendre le message que ces émotions nous renvoies ; bref, de ce que le comportement du con nous renvoie ; de ce qu’il nous dit sur nous-mêmes. De ce qui nous perturbe, au point de le considérer comme un abruti. Nous pouvons alors remercier ce con qui nage dans son bocal, qui nous indique son manque à combler, la direction à prendre, la piste à explorer pour ne plus être affectés par ce type d’attitude à la con ou pour lui fixer des limites. Ce remerciement aura, à l’avenir, l’avantage de nous aider à développer de l’indulgence vis-à-vis de ce pauvre con, et facilitera le retour à des relations acceptables.
  • Les tests relationnels : nous pouvons donc transformer une simple collection plus ou moins achalandée de bocaux à cons en laboratoire relationnel, pour effectuer tout un tas de tests, à mesure que le temps passe, que nous développons des compétences relationnelles, que nous apprenons à sortir du triangle sauveur/victime/persécuteur, que nous comprenons davantage nos émotions et les messages qu’elles nous transmettent, que notre estime de nous–mêmes se renforce, que nous développons un poil de panache relationnel, que nous apprenons à pratiquer la C.N.V. (Communication Non Violente), etc. Nous avons alors un réel potentiel d’amélioration de la relation avec tel con (si lui, aussi, fait des efforts), à n’avoir plus peur du regard de tel autre, etc. Il s’agit alors de sortir le con de son bocal et de tester dessus nos nouvelles compétences relationnelles.

Ce type d’expérimentation a un double avantage : il permet d’agir pour améliorer la relation sans attendre que, par miracle, l’autre cesse d’être un con et, en même temps, d’évaluer où nous en sommes dans notre maîtrise d’une compétence relationnelle particulière. Le double effet Kiss Cool du bocal à con, qui dit mieux ?

Une fois le test effectué et l’évaluation faite, nous avons deux choix possibles : selon le degré de satisfaction du résultat obtenu, nous pouvons remettre le con dans son bocal et le laisser mariner encore quelques temps, ou au contraire estimer qu’il est temps de le sortir de son bocal car la relation peut à présent évoluer dans un sens acceptable pour les deux parties (petit rappel : il ne s’agit pas de reprendre le dessus sur le con, mais bien de développer des relations saines, d’égal à égal et dénuées de jeu de pouvoir. Toute autre utilisation fait de vous un manipulateur et/ou un persécuteur. Ce qui risque de vous mener tout droit dans le bocal à con d’un de vos contemporains).

Bref, le bocal à con est une solution métaphorique multifacette absolument avantageuse, qui offre une solution plus élégante que le simple étiquetage “con” et le mépris en permettant de prendre un peu de recul émotionnel face à des comportements que nous considérons comme aberrants, insupportables, inadmissibles, pour ensuite aller plus facilement vers une relation saine.

Il a le mérite d’être inoffensif et de nous éviter de réagir nous-mêmes en abruti face à nos abrutis personnels. Car n’oublions pas non plus que nous avons tous notre propre degré de pénibilité, que nous sommes tous le con de quelqu’un et que si la pomme de discorde n’est jamais loin, nous la croquons aussi parfois avec appétit.

Mais vous et moi, comme la plupart de nos contemporains, sommes des cons temporaires, des cons de circonstances. Mais, par mégarde et malgré l’ampleur de notre bienveillance, nous pouvons, également, atterrir dans le bocal d’un quidam, pas de panique, il existe, aussi, un moyen de se dépatouiller de cette difficulté (nous y reviendrons plus tard, dans un autre article).