Les dégoûtés et les dégoûtants – Chapitre 23 – Une question de « cancel culture »

La cancel culture (de l’anglais cancel, « annuler »), aussi appelée en français culture de l’effacement ou culture de l’annulation, est une pratique apparue aux Etats-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, des individus, groupes ou institutions responsables, selon la définition des protagonistes, d’actes, de comportements ou de propos perçus comme inadmissibles. Une autre désignation est call-out culture (de l’anglais call out, « dénoncer »).

Cette mise au ban de certains individus, comportements et communautés, avatar du politiquement correct, gagne le monde physique et les Réseaux Sociaux, non sans y susciter de controverses.

La cancel culture décrit le processus au moyen duquel une personne ou une institution dénoncée publiquement par une autre personne à l’égo démesuré ou une autre institution souhaitant s’imposer est expulsée des cercles sociaux ou professionnels — sur les médias sociaux ou dans le monde physique ou les deux. La personne ou l’institution serait pour ainsi dire « annulée ».

Une diversité d’équivalents est attestée dans l’usage. Ils mentionnent une culture « de l’effacement », « du bannissement », « de l’annulation », « de l’ostracisme » ou « de l’ostracisation », « de la négation », « de l’anéantissement », « de la suppression », « du boycott » ou « du boycottage », « de l’humiliation publique », « de l’interpellation », « de la dénonciation », « de l’indignation ». Bref tout ce qui fait le quotidien de personnages ou institutions abjectes, manipulateurs et machiavéliques inféodés à leur égo ou leurs buts qui ne saurait accepter aucune contestation, eût-elle été constructive, à leurs dogmes hégémoniques.

Le concept de « culture de l’annulation » est apparu pour qualifier la dénonciation publique d’une personne ou d’une institution en raison de ses actions ou de ses paroles réelles ou supposées, jugées comme socialement ou moralement offensantes ou inacceptables, en particulier sur les réseaux sociaux, mais, également I.R.L. (In Réel Life).

Les manifestations de la culture de la dénonciation (« call-out ») est représentée par des mouvements qui se présentent comme sociaux, mais, qui de par leurs positions ou la position d’individus contrôlé par eux occupent des postes qui leurs permettent d’éviter que leurs mœurs anti-sociales soient partager et dénoncer en ostracisant ceux qui les dénonceraient. Par leurs violences, leurs dédains et le harcèlement dont ils font preuve, ces personnages ou institutions sont des manifestations manifestes de la « cancel culture » alors qu’à la base, ces personnes ou institutions ne sont pas censés être les incarnations des valeurs qu’ils prétendent défendre.

Comme substitut à la pratique de la dénonciation en public (calling out), une personne ou une entité peut être avertie en privé (« called in »). L’accusateur ou un élément actif du complot parle de vive-voix à l’accusé ou lui envoie un message concernant sa conduite ou son comportement (enfin, pour ceux qui ont des valeurs et qui ne maintiennent pas quelques mougeons dans une ignorance crassent, parce qu’elle leur est profitable).

En suivant, simplement, les principes que la « cancel culture » applique, il n’est pas difficile de déceler ceux qui l’appliquent avec délectations en diffusant toutes sortes de fakenews. De ce fait, les médias ou d’autres institutions intermédiaires, y tiennent, aussi, un rôle, important ! Encore convient-il qu’elles le jouent au lieu de laisser proliférer, en toute quiétude quelques manipulateurs machiavéliques et en nz laissant aucun espace aux victimes ! Quel monde merveilleux que celui de quelques machiavéliques manipulateurs politologues pour qui, seul la justice populaire et expéditive à droit de citée. Mais, dans ce cas, quel sort convient-il de réserver à ceux qui ont colportés de fausses informations (sans la moindre vérification avec des sources sérieuses) ? Convient-il de soupçonner et condamner quiconque s’est égaré dans les méandres tourmentés de manipulateurs machiavéliques en mal de se faire reluire l’égo et de leurs mougeons et protecteurs (c’est bien ce qu’ils font lorsque quelqu’un ne partage pas leurs avis et leur dit) ? Convient-il, qu’informé du passé de tel ou tel individu, soit placardé des affiches dans les rues avec leur nom et les faits pour lesquels ils ont été condamnée par la justice populaire, sans que cela soit considéré comme du harcèlement ?

L’expression cancel culture est souvent utilisée, également, pour désigner des pratiques de « déboulonnage », vandalisme et/ou destruction. Pour plusieurs historiens et chercheurs qui se sont intéressés à ces phénomènes, les déboulonnages n’effacent pas l’histoire et ces personnages historiques, mais permettent de « questionner la place de ces personnalités dans l’espace public » et de revisiter l’histoire officielle (comme il convient, peut-être de le faire avec tous ceux qui propagent les fakenews Q et considèrent les autres comme des esclaves sans la moindre valeur ?). Ces universitaires soulignent qu’avec ou sans statues, ces personnalités resteront présentes dans les livres d’histoire et dans la mémoire collective et feront toujours l’objet d’études historiques.

La culture de la dénonciation peut être perçue comme une forme d’auto-justice, condamnant de facto des individus sans procédure juridique et sans motif ni fondement, autre que l’appréciation générale d’un groupe. Elle s’apparente à du cyberharcèlement, à du lynchage, risquant d’annihiler tout débat. Ainsi, la prise de conscience nécessaire de toutes les inégalités intensifie « un nouvel ensemble d’attitudes morales et d’engagements politiques qui tendent à affaiblir nos normes de débat ouvert et de tolérance des différences en faveur de la conformité idéologique ». La culture de l’annulation et un des obstacles, dont chacun se fait bourreau, à la libre circulation des idées et condamnent à l’« intolérance à l’égard des opinions divergentes » du groupe (est dire que ce sont les mêmes qui proclament vivre en dictature ! Ce qu’ils font en adoptant la politique de la cancel culture, c’est quoi alors ? La question de la comparaison avec une forme de censure ne se pose-t-elle pas, dès lors ? À l’inverse, cette cancel culture qui peut, certes, engendrer des excès, n’est-elle pas, plutôt, l’expression d’un grand sentiment d’injustice ?

Selon certaines analyses, le concept de cancel culture est mal nommé et n’existerait pas réellement, car il ne s’apparenterait pas à une « culture » et les effets négatifs de la dénonciation publique ne sont pas toujours définitifs et absolus. Cependant, il y a eu des cas de suicides liés à la cancel culture.

La cancel culture va à l’encontre des valeurs de respect, de tolérance et de liberté d’expression par le bannissement de personnes, de livres ou de spectacles. Elle est parfois rejetée en tant que phénomène d' »américanisation » de la société, par quelques individus qui défendent un universalisme républicain opposé à l’identitarisme » anglo-saxon (mais une telle opposition peut susciter le débat, surtout lorsqu’on constate le consumérisme de ceux qui la pratique allégrement !). Ses détracteurs l’associent parfois au terme « woke », qu’ils utilisent pour désigner un mouvement de « censure » venu de certains mouvements. Le terme de « cancel culture » est peu utilisé hors de milieux militants de tout genre qui s’y adonnent avec délectation pour satisfaire l’égo de quelques manipulateurs machiavéliques car, finalement, ne fait-elle pas que de véhiculer des stéréotypes et de maintenir une forme de domination ?