Les dégoûter et les dégoûtants – Chapitre 10 – Ça déconne grave, non ?

Entreprises ou entités au management, parfois inhumain avec des métiers, intrinsèquement, difficiles à exercer… Bien sûr qu’il y en a ! Mais ce n’est pas pour autant qu’il convient d’oublier qu’il y en a d’autres au management humain. Nous pouvons avoir l’impression d’y être, véritablement, « sauvé », alors qu’il n’y a rien de révolutionnaire : on y fait confiance, vous avez le droit d’utiliser vos mains pour prendre les objets comme vous le souhaitez, on ne vous suspecte pas de « prendre des vacances » quand vous vous absentez pour 40 degrés de fièvre, vous avez le droit d’aller aux toilettes quand vous en avez besoin, vous n’y croisez pas de collègues en pleurs, vous n’entendez plus d’engueulades, d’usagers excédés, vous menaçant de mort. Et, comble du luxe, vous avez le droit d’y boire de l’eau sans demander une permission…

Le monde du travail déconne

Peut-être en prenons nous conscience, la première fois, en exerçant des fonctions dans le froid, par exemple, en faisant des gestes répétitifs. Des boulots insensés, évidemment, il y en a ! Des boulots où vous n’avez qu’une pause repas sur huit d’heure de travail, aller aux toilettes est mal vu. Parfois, il y a des boulots (voir des tâches bénévoles) où le statut d’esclave rémunéré (si bien sûr, vous êtes rémunéré pour cela) conviendrait mieux à décrire le poste. Le harcèlement comme mode de management, l’aliénation, à un point que vous n’imaginiez même pas, où chacun des mots, des microgestes est dicté par une norme, qui, si elle est bafouée, mérite une engueulade salée, parfois des insultes, souvent du mépris. Bienvenue en enfer.

Convient-il, vraiment, de digérer toutes ces expériences sans rien dire ? Impossible de vous résigner à les accepter, impossible de vous adapter mentalement à ça. Alors, vous agissez comme vous le pouvez avec ce que vous pouvez. Ce n’est pas grand-chose, mais vous avez essayé malgré les contraintes que d’autres peuvent vous faire subir en se proclamant « bienveillants » et les aléas de la vie. Peut-être avez vous, même, livré tout ce que vous étiez en capacité de faire. Peut-être, même, qu’on vous a mis en garde contre les dérives de quelques manipulateurs populistes, mais que seul, ce qui vous vende du rêves n’ont grâce à vos yeux ! Bref, vous y étiez préparé, mais pas à le fuir. Parce que comme la plupart des victimes silencieuses de quelques dégoûtants, vous n’avez pas le choix. Vous avez besoin d’argent pour manger, et c’est le seul boulot à disposition.

Vous tirez de cette expérience une leçon. Il faut que ces saloperies se sachent ! Il faut en parler de toutes les façons possibles, parce que c’est percer l’abcès, libérer l’infection que ces expériences de vie malheureuses nous ont filés, c’est la première étape qui permet d’entamer une guérison. C’est faire prendre conscience des choses, mais certains individus feront tout pour ne pas qu’elles se sachent. Parce que l’information c’est le pouvoir, et ça quelques individus manipulateurs inféodés à toute sorte de compromissions au sein de quelques instances le savent bien, mais ça c’est une autre histoire…

Bien sûr, il y aura toute sorte de pseudo critiques, qui se moqueront de vos infos parce que « c’est pas ça qui va faire bouger les choses », parce que c’est « plaintif » et que quelques gourous les en ont convaincus, à moins qu’il n’est eux-mêmes des choses à cacher… Dans ce petit univers, on adore exercer des pressions sur les autres, presque autant que les allusions. J’aimerais dire des mots extrêmement grossiers, mais je vais me retenir.

Se libérer de ces histoires, c’est une première étape nécessaire pour ne plus être aliéné. C’est mettre dehors les problèmes, pour pouvoir les manipuler comme des objets sur lesquels on peut avoir un contrôle, une prise. C’est retrouver son pouvoir. Alors oui, y a pas de dragons dans ce narratif, il n’y a pas, non plus de porte-parole qui prend la tête d’une manifestation tel un héros futur d’une révolution qui ne mènerait qu’à refaire le même monde encore dominé par une poignée d’individus (tout aussi manipulateurs, il y a des chances, vu le goût prononcé de certains pour le machiavélisme et la manipulation). Mais il y a des gens plus libres, du pouvoir en chacun retrouvé. C’est invisible et personne n’en tire de gloire épique, mais c’est un monde nouveau qui, en silence, discrètement se construit en chacun.

La deuxième étape est, peut-être, de chercher, à résoudre les problèmes que quelques individus ont, parfois créés eux-mêmes par le truchement de quelques manipulations. La période de la Covid ayant était, particulièrement, propice à la manipulation et à ceux qui s’y abandonnent. Ne soyons pas dupe, chacun peut croiser la route de manipulateurs au travail ou ailleurs. Il existe des dizaines de témoignages sur l’influence que peuvent exercer certains individus manipulateurs. Alors oui, mille fois oui : le harcèlement, la souffrance, l’exploitation, etc. ; ce n’est pas du pipeau et nous y participons, sans doute, tous, à plus ou moins grande échelle.

Et pour être tout à fait sincère quitte à paraître brutale, c’est une expérience terrible. On voudrait voulu qu’elle n’est jamais eu lieu, on aurait voulu que tout un tas de témoignages n’existe pas, ou qu’ils soient, simplement, bidons et superficiels, prouvant à tous, qu’on avait tord de penser qu’il y a un problème avec le monde. Mais non, ils sont là par milliers, criant de vérité, détaillés, parfois, même, avec des copies de mails, de documents officiels.

On pourrait se croire rompue, mentalement, à supporter, à faire face à l’horreur, aux suicides, aux vices du harcèlement, à l’enfer de l’exploitation, à l’injustice et à la dévalorisation, à l’énervement, parfois, stupide face à des raisonnements administratifs abscons. On sait à quoi s’attendre. Et pourtant non. À de nombreuses reprises on est obligé de s’arrêter, de prendre un peu l’air, de réfléchir et méditer pour desserrer sa gorge, désengorger sa machine à empathie qui peut-être dévastée par certains témoignages.

Alors, certains individus manipulateurs n’essayent, même plus, de répondre avec compassion et reconnaissance, trouvant moult excuses pour justifier leur comportement. Les réseaux sociaux, via les commentaires, deviennent les exutoires de tout les excès générés par la société. Puisque ce ne sont pas les autres qui vous soutiennent, qui pallient à nos débordements (en règle générale). Non, chaque communauté s’enferme dans sa bulle et fait, exactement, ce que l’on pourrait attendre de quelques entités prétendues « bienveillantes » : en apportant son soutien, en confirmant une réalité vécue, en reconnaissant les histoires et leurs acteurs, en donnant des conseils, et tant d’autres chaleurs humaines encore. C’est, tellement, formidable d’observer cette coopération naturelle, cette solidarité, tellement, plus forte et vivace que les quelques haineux traînant, parfois, sur les réseaux sociaux.

Tous contre cette adversité. Tous ensemble. Peut-être que c’est en prenant conscience de cette forte solidarité que l’on peut commencer à changer son regard sur certains faits et réussir à dompter sa machine à empathie. À chaque fait, on peut se demandé, déjà : « qu’est ce qu’on pourrait faire ? Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ? Qu’est-ce qui aurait pu éviter cette situation ? ». Mais, ça, il faut reconnaitre que ce n’est pas la conception de tous et, particulièrement, de ceux qui prétendent incarner des valeurs morales (enfin, pas tous, mais à des fonctions assez importantes pour que ça se remarque). En tout cas l’espoir est là, maintenant, il appartient à chacun d’en conceptualiser les contours.

Finalement, les problèmes, dans tous les corps de métiers, sont similaires sur quantité de points : dans l’entreprise le mobilier, le produit ou le temps/profit attribué à un service ont plus d’importance que l’humain qui est une ressource qui n’est pas considérée, pas entretenue, qui est jetables et martyrisable.

Pourquoi ? À cause du contexte économique, où le chômage est massif, l’humain est devenu une ressource si abondante que la bonne santé d’une pizza est plus importante que celle du chauffeur qui la livre. Métaphore illustrative, sans doute, le témoignage un livreur, dont le manager s’est enquis de l’état de la pizza avant l’état de son employé. Et il y aurait des milliers d’autres exemples de la sorte, comme ceux on l’on prive d’aller aux toilettes, de boire de l’eau, de soins médicaux après un accident du travail. Les droits humains sont ici bafoués sans complexe et l’on peut, parfaitement, comprendre que les employés, les ouvriers, les agents, les chômeurs et même les cadres (qui n’échappent pas non plus au harcèlement) ne répliquent pas, et semble, en apparence, se « laisser faire » : la « guerre » syndicale prend du temps, de l’énergie, met parfois en danger l’employé (qui se fait harceler) ; l’appel à l’inspection du travail reste parfois sans voix, car eux aussi sont surmenés, et lorsque la bataille juridique se met en œuvre, cela prend parfois des années. Quant à « ouvrir sa gueule », taper du poing sur la table, hé bien c’est risqué de perdre son emploi, et les gens ont légitimement peur d’avoir faim. Pire encore, les sans-emplois sont stigmatisés, d’horribles préjugés courent sur cette population chaque année plus massive, poussant les gens à repousser une lettre de démission ou un licenciement qui sauverait pourtant leur vie.

Au risque de surprendre, je tiens à dire que certains témoignages de sans-emploi m’ont gonflé d’espoir. Incroyablement fortes, ces personnes qu’on dit exclues sont on ne peut plus intégrées à ce qu’on appelle la vie. Lorsqu’on lit les témoignages de personnes que la société abîme (et là, il y a quelques « bienveillants » qui peuvent se regarder le nombril). Lucides, ils se « vengent » avec une lumière et un élan vers le monde extraordinaire. Mais, comme dans chaque domaine, il y a quelques brebis galeuses qui ne font que jeter l’opprobre sur le reste. Des accidents de la vie, chacun peut en avoir et je suis bien placé pour le savoir. Des préjugés stupides, injustifiés et injustifiables, j’en ai entendue et ils ne servent qu’à rassurer ceux qui ont une conception du monde erronée.

Alors ne convient-il pas d’enfin donner à chacun le pouvoir de faire face aux rouleaux compresseurs que sont les entreprises, les organisations inhumaines et quelques personnages qui abusent de leurs prérogatives sans en être obligé de recourir à la justice (parce que même elle, comme le dit l’adage : selon que vous soyez puissant ou misérable, elle vous rendra blanc ou noir). Déjà doter tout le monde d’un revenu inconditionnel permettant de vivre avec décence, quelle que soit la situation serait une bonne chose. Un revenu attribué aussi aux salariés afin que ce revenu ne soit pas atteint des préjugés comme ceux des allocations. Ainsi, les personnes n’auraient pas peur de taper le poing sur la table lorsqu’il advient quelque chose d’inacceptable au travail ou ailleurs, n’auraient pas peur de faire des démarches pour améliorer les choses, n’auraient pas peur d’engager des procédures judiciaires lorsque les lois sont bafouées, de démissionner si besoin. L’intérim, les petits contrats ne seraient plus complètement synonymes de précarité, mais pourraient être un choix ponctuel pour vivre d’autres vies à côté, tout aussi nécessaire à la société (la vie de famille, la vie de musicien, la vie d’écrivain, la vie d’auteur, la vie associative, la vie d’aidant…). Les gens ne sont pas des feignasses, ils veulent vivre avec sens, joie, ils veulent être utile et franchement on est plus utile auprès d’un proche malade qu’a empilé des cartons 8 heures par jour. L’humain se prélasser sur un canapé devant la télévision que lorsqu’il est totalement ruiné par la fatigue, les problèmes ou la dépression ; la fainéantise est la conséquence de conditions trop dures, de problèmes. Regardez les gamins heureux, jamais ils ne s’arrêtent de créer, d’inventer, ils ne sont « fainéants » que lorsqu’ils sont parfaitement épuisés. Ne serions nous pas, ainsi, nous aussi tous pleins d’énergie et d’enthousiasme, si nous avions un peu de sécurité mentale ? Suffisamment pour avoir l’énergie de rêver, réfléchir, puis œuvrer. Ne serions-nous pas prêts à vivre des aventures dans des métiers pénibles, s’ils pouvaient nous permettre de vraiment gagner plus monétairement, si on pouvait être libre de s’en détacher sans craindre de crever de faim ?

Déresponsabilisation de l’individu ? Utopie impossible (car trop cher à payer, pourtant lorsqu’il s’agit de rémunérer des actionnaires, parfois à l’étrangers, ça pose moins de questions) ou risque pour la société que tout le monde refuse de faire les sales boulots ? Etc… Idées à mettre au placard avec les autres idées farfelues-utopiques-dangereuses-manipulatoires, du même genre qui pourraient plaire à des citoyens qui en auraient pourtant bien besoin. Changement de paradigme par les citoyens eux-mêmes ? Vous ne vous rendez pas compte ma petite dame, chacun se mettraient à vouloir changer le monde ! C’est aussi, peut-être, cette idée qui fait peur à quelques puissants très, très satisfait de manipuler des mougeons qui les vénèrent.

Le changement de paradigme se fera d’une manière ou d’une autre, un jour ou l’autre, mais c’est, encore, un tapis rouge que dressent, devant leurs pieds, quelques machiavels égocentriques.

Le monde est à la bourre, le monde du travail est catastrophique, parfois, mais pas vous. Vous, vous valez beaucoup lorsque vous n’êtes pas inféodés à de quelconques gourous manipulateurs et égocentriques. Vous pouvez transformer l’atmosphère au travail pour contrer les sales pratiques.