Les dégoûtés et les dégoûtants – La Russie – Chapitre 7

Je crois que beaucoup de personnes ont une vision approximative de la démographie de la Russie, avec en tête la vision d’un pays très grand (géographiquement) donc très peuplé. Notre perception de sa puissance est en partie influencée par cet imaginaire. Quelques précisions s’imposent, semble-t-il.

Sa taille

Déjà, sur la taille. Voyons les biais que la projection Mercator peut induire, grâce à un site « The true size » qui montre quelle taille aurait un pays sur la carte s’il était placé sur une autre latitude. Alors voici la Russie si elle était en Afrique ; la Chine si elle était en Russie ; la France si elle était en Sibérie. Grand pays ? Oui. Mais pas autant que la projection Mercator de nos cartes ne le laisse imaginer.

Sa population

Et la population ? Celle de la Russie est d’un peu plus du double de la France, avec une pyramide des âges très creusée. (chiffres de 2020, plutôt que ceux du recensement russe de 2021 qui a été complètement fantaisiste). Et c’était avant la Covid.

L’espérance de vie à la naissance ? 71 ans en Russie, 82 en France. Mais 66 ans pour les hommes russes, 79 ans pour les hommes français. Quand on dit que Poutine s’approche de l’espérance de vie de sa génération, il l’a en réalité déjà dépassée…

La population décline, avec des taux de fécondité faibles (1,5 enfants par femme). Elle n’est boostée que par la migration (notamment en provenance d’Asie centrale). S’il y a bien une dimension démographique dans la guerre qu’à déclenché la Russie, elle ne joue pas en faveur d’elle.

La ressource rare en Russie, ce ne sont pas les terres, ce sont les hommes. Et c’est précisément eux que le pouvoir russe sacrifie massivement dans une guerre qu’elle a déclenchée. Elle tente de piocher dans les catégories qui ont déjà procréé (les mobilisés de 30 et plus). Mais cette « ressource » est bien épuisable. La question démographique est la principale faiblesse de l’économie russe (et il n’y a aucune solution magique possible).