L’usine à gaz des aides

C’est, vraiment, formidable de constater à quel point l’on arrive à des situations ubuesques lorsque l’on a le malheur de solliciter une aide à laquelle on peut prétendre. Et après, certains vont s’étonner que des individus ne sollicitent pas les aides auxquelles ils peuvent prétendre ! À chaque crise sociale ou envolée des prix, les différents gouvernements annoncent des mesures circonstancielles qui s’accumulent les unes après les autres, tel un mille-feuille et coûtent « un pognon de dingue », on entend dire. Cette pluie de dépenses conjoncturelles, chacun aimerait bien pouvoir sans passer, mais, il faut croire, qu’elle est bien utile à quelques personnes (parfois à l’égo démesuré). La multiplication de celles-ci est, en quelque sorte, une démonstration évidente du coup par coup de politiques. Toutes ces aides touchent certains de nos concitoyens, mais pas d’autres, suscitant, au passage, des suspicions et jalousies diverses. Pour complexifier encore un peu plus ces mesures, on peut constater que les institutions qui versent ces aides sont multiples et sans aucune connexion entre elles. Bref, nos « représentants du peuple » doivent se surpasser en mettant en place une série d’« usines à gaz » qu’ils seront incapables de contrôler vu la complexité des différentes mesures prises. Sauf à embaucher des milliers de fonctionnaires et faire mousser leur égo auprès de personnes qui leur seront redevables. Pourquoi nos « représentants du peuple » n’on-t-ils pas décidé de regrouper toutes ces aides, allocations et primes dans un chèque unique versé une seule fois par an pour toute l’année ? Cela aurait eu l’avantage d’être beaucoup plus clair et compréhensible par tous les Français tout en répondant aux besoins de ceux qui doivent vivre dans la précarité. 

Un pognon de dingue

Et voilà maintenant que, pour complexifier un peu plus l’ensemble, sont envisagées des distributions de titres de paiement pour certains produits spécifiques. Et ne croyez pas que ces aides vous seront versées automatiquement. Non, il faudra se connecter au site internet du ministère des Finances pour aller s’inscrire sur ce site en communiquant votre numéro fiscal, votre adresse, votre lieu de travail, le nombre de kilomètres parcourus par mois… Imaginez un salarié vivant dans une zone blanche, où il n’y a pas de connections internet, peu habitué à l’informatique, il sera automatiquement exclu de toutes ces aides ? Cette pluie de pognon de dingue permet d’éteindre les incendies sociaux qui menacent et que personne ne résout. En même temps, plus personne ne comprend plus rien à cette pluviométrie de chèques et tout le monde se perd dans un maquis de règles, règlements et dossiers à remplir. Ainsi, apprend-on qu’une prime exceptionnelle pourra être versée par les entreprises et qu’elle devrait être sans charges et sans impôts, selon le montant des revenus, soumise ou non à la CSG et à la CRDS mais assujettie à un forfait social de 20 % pour la partie pérenne de cette prime, et ce jusqu’en 2023 pour les salaires en dessous de 3 smics. Elle serait exonérée de la CSG pour les salariés, mais soumises à charges sociales pour l’employeur. Et bien bonne chance pour comprendre !

On a l’impression que toutes ces usines à gaz ne semblent avoir été mises en place que pour un seul but, limiter le nombre de nos compatriotes qui toucheront ces aides ou les demanderont déjà. Tout cela accentue le rejet des décisions, parfois incompréhensibles, de politiques, qui exclut, de fait, certains pouvant en bénéficier. Après le « quoi qu’il en coûte », voici venu le temps du « comment faire croire qu’on vous aide » ? Bref, plutôt que de prendre des mesures compréhensibles par tous, on choisit de nous plonger dans un brouillard opaque de mesures technocratiques qui relance la colère populaire et le fait que vous devez dépendre de telle ou telle politique qui ne résolvent rien, au final !